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La ville en 29 carrés

La ville en 29 carrés ! Un rêve pour des urbanistes qui la tracent au cordeau ! Le Grand-Paris, à sa façon, réactive ce rêve sur la périphérie aux espaces urbains chaotiques parce que jamais rêvés. Le cardo-décumanus de Lutèce, fondé sur la géographie des 4 points cardinaux, soutenu par la géométrie de la Seine et restructuré par l’histoire de France, a fait long feu. Le futur est à un Grand-Huit des transports d’une agglomération sans politique intercommunale, qui se donne à voir, avec simplisme par le pouvoir central, comme un parc d’attraction à l’échelle planétaire. D’un rêve à l’autre, il n’y a qu’un pas à faire. Pas de géant toutefois, ou plutôt d’ogre ! Pourtant, politiques, géographes, ingénieurs, urbanistes et architectes rêvent de l’accomplir ensemble pour la postérité de la plus belle ville du monde.

 

Raphaël FIRON montre quant à lui avec ses photographies, que cette vision kitch ne cadre pas avec la réalité des habitants déboussolés de cette grande métropole aux quartiers sans identité. En qualifiant chaque lieu photographié par sa longitude et sa latitude, il fait la preuve que l’homme damné de ce monde sans paradis, est bien l’errant pendulaire quotidien qui peine à s’approprier les espaces qu’il fréquente. Même le construit se déconstruit autour de lui. La pérennité des repères ne serait-elle alors que géographique ? D’autres avaient donné à ces pavillons et à ces cités périssables, le nom de fleurs ou de poètes morts pour tenter de masquer la main basse qu’ils faisaient sur le droit à la ville et sur les conditions d’habiter du banlieusard. Dresser la carte des usages quotidiens de chacun d’eux montrerait pareillement tous ces lieux traversés, sans identité connue (innommables donc ?), autant de non-lieux chargés d’inconnus : qui les habitent ? Qui les abiment ? Qui les désirent ?

 

Les larges premiers plans des panoramas de cet ouvrage, nous amène à percevoir que le vide s’impose pour révéler les pleins et déliés du paysage urbain. Un premier plan où alternent chantiers, délaissés ou espaces aménagés comme autant de traces de l’obsolète, du contraint et du conquis. L’alternance de délaissés sales ou abandonnés et d’aménagements dessinés et entretenus que nous présente Raphaël FIRON, monte que ce sont les espaces publics, le traitement des vides, qui composent l’image que l’on se fait de la ville. Ainsi, une placette aménagée suscite la terrasse de café et révèle le charme d’un petit coin de brique et de banlieue. Alors qu’une voirie sans trottoir disqualifie durablement ce même type de lieu, qui devient alors de bric et de broc !

 

L’écriture de l’architecture est bien secondaire dans ses situations, ce qui prime c’est la sensation du bonheur urbain ou son contraire. C’est la structure, la justesse et parfois la rigueur de l’aménagement urbain, qui fixe cette sensation et qui permet l’appropriation et l’usage de l’espace public. Ce vide, une fois traité, donne à l’air de la ville sa faculté de rendre libres ses habitants. Le détour qu’offre la séquence mobilité de cet ouvrage, avec son lacis de voies ferrées et ses halles rigides qui font vivre le train, porte la même promesse de liberté. Elle est incarnée cette fois par les paysages urbains qui jalonnent le voyage comme autant de mondes à découvrir. Reste le chantier, ce temps de l’entre-deux ! Le pied de l’arbre enseveli des cailloux et gravats d’une déconstruction, le bull dans le sable de ce qu’était probablement l’arrière-cour d’une grand-mère, appellent immédiatement la nostalgie, bien que le souvenir soit incertain. Avec le délaissé, l’abandonné et le muré que la grue attend, le chantier, un espace interdit comme un hiver dans la ville, produit lourdement et trop secrètement la nouvelle saison urbaine. Sera-t-elle l’incarnation d’une des promesses du Grand-Paris ou une nouvelle main basse sur la ville sans nom ? Le travail silencieux des gris de Raphaël FIRON est lumineux sur ce point : les architectes des plaisirs urbains partagés sont très attendus… Il nous invite à toujours les désirer.

48.66438, 2.398624 | © RAPHAËL FIRON

48.709427, 2.415726 | © RAPHAËL FIRON

48.815144, 2.388512 | © RAPHAËL FIRON

48.816493, 2.387042 | © RAPHAËL FIRON

48.816493, 2.387042 | © RAPHAËL FIRON

48.897906, 2.223266 | © RAPHAËL FIRON

48.833085, 2.373969 | © RAPHAËL FIRON

48.833085, 2.373969 | © RAPHAËL FIRON

48.813957, 2.391623 | © RAPHAËL FIRON

48.813957, 2.391623 | © RAPHAËL FIRON

48.693849, 2.387487 | © RAPHAËL FIRON

48.663275, 2.39916 | © RAPHAËL FIRON

48.663275, 2.39916 | © RAPHAËL FIRON

48.815144, 2.388512 | © RAPHAËL FIRON

48.815144, 2.388512 | © RAPHAËL FIRON

48.814144, 2.390679 | © RAPHAËL FIRON

48.597138, 2.478876 | © RAPHAËL FIRON

48.898912, 2.232252 | © RAPHAËL FIRON

48.616307, 2.459607 | © RAPHAËL FIRON

48.616307, 2.459607 | © RAPHAËL FIRON

48.897741, 2.245636 | © RAPHAËL FIRON

48.616307, 2.459607 | © RAPHAËL FIRON

48.616307, 2.459607 | © RAPHAËL FIRON

48.902953, 2.223873 | © RAPHAËL FIRON

48.6212, 2.467213 | © RAPHAËL FIRON

48.898044, 2.198606 | © RAPHAËL FIRON

48.892733, 2.402282 | © RAPHAËL FIRON

48.903186, 2.289104 | © RAPHAËL FIRON

48.825803, 2.382026 | © RAPHAËL FIRON

48.822229, 2.348477 | © RAPHAËL FIRON